mardi 7 septembre 2010

Chronique : Artères Souterraines - Warren Ellis (DIable Vauvert)

Artères souterraines de Warren Ellis, aux éditions Au Diable Vauvert

« Quelle petite artère tortueuse vous parcourez-là. »
Les fans du scénariste de comic book Warren Ellis attendaient l’adaptation française de Crooked Little Vein avec impatience. Ce sont les éditions Au Diable Vauvert qui ont publié l’histoire le 26 août dernier, sous le titre Artères Souterraines. Un roman traduit de l’anglais par Laura Derajinski. Chacun y trouvera son compte, que ce soit les fans de l’auteur ou les amateurs de hardboiled. Les premiers seront ravis de suivre les pérégrinations de Michael McGill. Le personnage évolue de nos jours, dans un univers parfois loufoque, qui pourrait être les prémices de celui de Spider Jerusalem, le héros du comic book Transmetropolitan.
Les autres apprécieront le côté rafraîchissant de ce détective privé un peu à côté de ses pompes, à la manière des héros qui ont fait le succès de Donald Westlake. Un héros un peu équilibriste, qui se retrouve bonds après bonds dans des situations de plus en plus incongrues et qui ne devra compter que sur lui-même pour aller de l’avant.
McGill est un poissard qui accepte la mission du chef de cabinet du président américain : remettre la main sur une version secrète de la Constitution des États-Unis, aux vertus magiques. Pour cela, il devra remonter la trace des différents propriétaires de l’œuvre et explorer ces artères souterraines, contenants ce que le continent américain a de plus sombre, de plus fou et de plus grotesque.
Warren Ellis a toujours était fasciné par la transhumanisme. C’est un thème récurrent dans ses comic books, où il aime confronter ses personnages à la possibilité d’améliorer leurs performances pour se transformer en surhomme, par tous les moyens mis à leur disposition.
Ici, c’est l’inverse qui se produit. Ellis confronte un personnage lambda à ce que le genre humain a de plus déviant et toxique pour finalement le sublimer et faire de lui un chevalier sans armure avec une quête. Derniers zestes d’humanité de ce héros mélancolique et pessimiste qui sauvera ses pairs. C’est dingue, jouissif, hilarant. C’est inconvenant, pervers, et terriblement rafraîchissant. Et ce petit doigt d’honneur qu’est la fin du livre est finalement la signature qui nous confirme que l’on a bien navigué pendant 57 chapitres dans l’univers de Warren Ellis.

Frédéric Fontès

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