mardi 21 septembre 2010

La Confrérie des mutilés de Brian Evenson

Coup de cœur de Gérard Collard.  Le livre sera disponible en poche le 18 novembre prochain aux éditions 10-18. Il est traduit par Françoise Smith.

Après avoir perdu une main lors d’un règlement de comptes, Kline, un détective privé, se voit confier une enquête au sein d’une société secrète composée de mutilés volontaires, où un meurtre a été commis. Mais, pour mener son enquête, Kline doit gagner la confiance des membres de cette étrange secte. Or cette confiance se paie cher, car pour accéder à certains niveaux de la hiérarchie, il convient d’être à chaque fois davantage amputé... Jusqu’où Kline sera-t-il prêt à aller pour découvrir l’insoutenable vérité ?
Les voies de la confrérie sont-elles impénétrables ?
Dans la lignée de Poe et de Borges, une prose incisive au service d’un récit dérangeant, où rivalisent humour noir et banalité de l’horreur.



J'adore ce commentaire laissé par un(e) certain(e) Woland sur amazon :


Il est des jeux d'homophonie qui provoquent des rapprochements douteux. Des rimes malveillantes illustrent l'univers littéraire borderline développé par Brian Evenson dans La confrérie des mutilés: Admiration - Auto-amputation, Ambition - Autocautérisation, Savoir - Hachoir,...
Le présent récit, souillé d'humour noir tantôt scabreux, tantôt hilarant, n'est pas dénué d'originalité. L'histoire se développe aux confins de l'irrationnel et de l'absurde et recrute pour l'occasion un détective privé, Kline, amputé d'une main (grade 1...) et sommé de rejoindre les rangs d'une confrérie particulière, secte chrétienne, pour y mener une enquête. Esprit grégaire sans grande considération pour la valse des moignons, Kline se trouve assez vite confronté aux délires sordides de sectateurs décérébrés qui prônent le dynamisme minimaliste. L'essentiel est de s'activer sans fioritures: oreille, orteils, mains, bras, jambes,...sont superflus car contraires à la discipline ascétique, leur amputation excise la vitalité organique du corps: plus ce dernier se disloque et plus le lien avec Dieu, et la vérité, se resserre. « Le moins pour le plus », précepte de la confrérie, guide alors les destinées de chaque membre.
La confrérie des mutilés est incontestablement un récit singulier, kafkaïen, burlesque, dévitalisé qui se parcourt agréablement malgré le flot d'hémoglobine qui l'inonde. L'histoire, soutenue par un style incisif et des dialogues habilement menés, souffre toutefois d'un défaut majeur: un manque d'envergure. Cela se traduit par un traitement superficiel des personnages, du rapport à la foi et du genre littéraire choisi. Ne répondant pas réellement aux codes du polar, thriller, roman noir ou roman d'horreur, l'ouvrage pâtit d'une orientation pleutre vers un genre affirmé. Ce manque d'ambition confère au récit une famélique consistance. Si le souhait de l'auteur est de suggérer le sourire ou le rire face à l'horreur, l'entreprise est réussie. S'il s'agit de suspecter ou de condamner toute foi en une prophétie religieuse (même dévoyée), l'essai ne me semble pas concluant tant le développement est léger.
Cet ouvrage achevé, je ne peux que regretter le manque d'ambition narrative de Brian Evenson alors que son imagination aurait pu lui permettre de composer une ode à la barbarie percutante au service d'une intrigue bien ficelée.

Un roman à suivre, en ce qui me concerne ...

Frédéric Fontès

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