jeudi 30 juin 2011

Chronique : Midnight Movie de Tobe Hooper & Alan Goldsher (Michel Lafon)



Quand Tobe Hooper (attention, il faut prononcer Tobee !!!) se lance dans le thriller d'épouvante, cela ne peut pas donner autre chose qu'une histoire de dingues ! Malgré une dernière partie qui traine un peu et une fin qui ne donne pas toutes les réponses, il faut reconnaitre que ce Midnight Movie est carrément irrévérencieux et que la main de ce zombie sur la couverture aurait pu se contenter de dresser son majeur vers le ciel. C'est fou fou fou, avec un récit qui alterne les points de vues des différents protagonistes ainsi que des témoignages via des articles de presses, des blogs, des mails, etc.
Tobe Hooper est l'un des personnages principal et il ne s'épargne rien.
Si vous recherchez pour cet été une lecture pas prise de tête, avec des situations déglinguées et complètement folles, ce roman est fait pour vous. C'est dingue, jouissif et rafraichissant à la fois, donc indispensable !


Frédéric Fontès

Aurora, Minnesota de William Kent Krueger (Cherche-Midi)

Quand un éditeur débute la présentation d'une de ses publications en évoquant Craig Johnson, je ne peux que m'intéresser à ce roman !
Ce livre de 510 pages, Aurora Minnesota, est disponible depuis le 19 mai dernier aux éditions du Cherche-Midi et traduit par Philippe Aronson. 

Dans la lignée de Craig Johnson et de Donald Harstad, un superbe thriller sur fond de culture indienne, prenant pour cadre les décors naturels du Minnesota. 

Corcorac "Cork" O'Connor est irlandais par son père et indien anishinaabe par sa mère. Après une carrière dans la police de Chicago, il est revenu vivre dans sa ville natale d'Aurora, Minnesota pour occuper le poste de shérif. Mais un conflit à l'issue dramatique l'a contraint à démissionner et il vit désormais seul, séparé de sa femme, Nancy Joe, avocate en charge des intérêts indiens. Le jour où le juge d'Aurora est retrouvé mort dans d'étranges circonstances et qu'un garçon d'origine indienne est suspecté de l'avoir tué, les tensions s'exacerbent entre les communautés. Alors qu'un blizzard s'abat sur la ville qui disparaît peu à peu sous la neige, Cork va devoir affronter les fantômes du passé pour faire surgir une vérité bien plus inattendue encore que tout ce qu'il avait imaginé.

Avec une écriture d'un réalisme presque documentaire, William Kent Krueger nous fait voyager dans les paysages glaciaux et menaçants qui ont servi de décor naturel à Fargo ou à Un plan simple pour une enquête passionnante et pleine de rebondissements. L'attention qu'il porte à la nature du Minnesota se double d'un portrait passionnant du peuple indien, de sa culture, de ses croyances et de son intégration dans le monde moderne. Aurora, Minnesota a reçu les deux plus prestigieux prix américains de littérature policière, l'Antony Award et le Barry Award. 



Frédéric Fontès

mardi 28 juin 2011

L'Héritage Dickens de Louis Bayard (Cherche-Midi)

Le nouveau roman de Louis Bayard sera disponible le 22 septembre aux éditions du Cherche-Midi. L'Héritage Dickens est traduit par Jean-Luc Piningre. 

Décembre 1860. Tim Cratchit, un des personnages du«Conte de Noël»de Dickens, enquête sur les meurtres de jeunes filles assassinées et marquées d’une lettre mystérieuse. L’enquête va le conduire dans les beaux quartiers, là où tout s’achète et se monnaye. Pris dans un réseau de mensonges, de meurtres et de manipulations, ce qu’il va découvrir dépassera tout ce qu’il a pu imaginer. 
Frédéric Fontès

lundi 27 juin 2011

Séquestrée de Chevy Stevens (Archipel)

Le premier roman de Chevy Stevens, traduit par Sebastian Danchin, sera disponible le 13 septembre aux éditions de l'Archipel. Je trouve le pitch très intéressant ... (Publié en exclu chez France Loisirs sous le titre La Cabane de l'enfer).

« Un suspense psychologique d'une noirceur extrême, dense et suffocant, qui repousse les limites du genre. » Kirkus

« Lorsqu'un psychopathe joue au jeu du chat et de la souris avec sa victime. Un thriller d'une force inouïe. » Lisa Gardner


Annie O'Sullivan, 32 ans, est agent immobilier sur l'île de Vancouver. Par un beau dimanche ensoleillé d'août, alors qu'elle fait visiter une maison à un potentiel acquéreur, ce dernier lui plante le canon d'un revolver dans le dos et l'oblige à monter dans sa camionnette...
Quand Annie se réveille, elle est prisonnière dans une cabane isolée en pleine forêt. C'est le début d'un enfer qui durera plus d'un an : douze mois où le Monstre - comme Annie le surnomme - fera d'elle sa chose. Torture psychologique, abus sexuels... : tout y passera, jusqu'à ce que la jeune femme parvienne enfin à s'échapper.
Pourtant, le plus dur commence pour Annie, qui doit à présent surmonter son traumatisme, réapprendre à vivre normalement sans plus dormir enfermée dans un placard, seul lieu où elle se sent en sécurité, et, surtout, accepter l'effroyable vérité : elle connaît le commanditaire de son enlèvement... 




Frédéric Fontès

Private Los Angeles par James Patterson & Maxine Paetro (Archipel)

 Le premier opus de la nouvelle série de James Patterson sera publié le 06 septembre prochain aux éditions de l'Archipel. Il est co-écrit par Maxine Paetro et traduit par Romain Duchesnes.

Ancien Marine, Jack Morgan hérite de son père - un prisonnier condamné à mort - « Private », une agence de détectives privés, et 15 millions de dollars.
Cinq ans plus tard, les affaires fonctionnent bien pour Jack, qui a su développer son business et jouit d'une réputation solide auprès des stars et des hommes politiques. Mais il fait les frais des erreurs de son père et de son jumeau, qui a contracté des dettes auprès du mafieux Ray Noccia...
Lorsque Jack apprend que Shelby, la femme de son meilleur ami, a été sauvagement abattue, il mène l'enquête et ne tarde pas à découvrir la double vie de cette dernière...
Parallèlement, Justine, profileuse et associée de Jack au sein de l'agence de la ville des anges, enquête sur des meurtres en série de lycéennes. Dix-huit victimes au total, mais toutes assassinées de façon différente... 




Frédéric Fontès

Chronique Les Revenants de Whitechapel de George Mann (Eclipse)

Les Revenants de Whitechapel (The Affinity Bridge), premier roman de George Mann, traduit par Pierre-Paul Durastanti pour les éditions Éclipse, sera publié le 30 juin prochain.


C'est une très belle découverte en ce qui me concerne. Cette enquête policière au cœur d'un Londres steampunk se lit avec plaisir. George Mann mêle de nombreux ingrédients pour produire un roman de qualité, sans jamais forcer le trait, et surtout, en usant de la sf avec parcimonie. En empruntant autant à Jules Verne qu'à Sir Arthur Conan Doyle, il nous invite à découvrir à petites doses les différentes curiosités de cet univers où les avancées scientifiques nous propulsent dans une toute autre révolution industriel que celle connue par le monde à cette époque. Les héros sont très attachants et j'ai hâte hâte hâte de lire la suite.

Frédéric Fontès

samedi 25 juin 2011

Toyer de Gardner McKay (Cherche-Midi)

MAJ : La chronique ICI.

Une bonne rentrée, ça se prépare avec des exercices à faire en vacances.
Une bonne rentrée littéraire, c'est la même chose. Il faut faire des choix, oser, miser et tenter des aventures, afin d'être frais et dispo pour une fin d'année riche en nouveautés littéraires.

Avec Vertige de Franck Thilliez, les Murs de Sang de Jérôme Camut et Nathalie Hug et Le Passager de Jean-Christophe Grangé, il y a fort à parier qu'il faudra compter sur ce roman de feu Gardner McKay, pour nous faire trembler entre la fin de l'été et le début de l'automne.

Premier bon signe : c'est un roman traduit par Fabrice Pointeau ( à qui l'on doit déjà les traductions des romans de Richard Montanari, James Siegel, Jeff Abbot, Karen Maitland, et le Vendetta de RJ Ellory).

Ensuite, c'est un très beau bébé de 780 pages publié par les éditions du Cherche-Midi qui sera disponible le 08 septembre prochain.

Et pour finir, le pitch (on pense à un monument du genre, Au-delà du mal de Shane Stevens pour le point de vue journalistique et médiatique), que je vous laisse découvrir :

Los Angeles est la proie d'un monstre très particulier. Un homme qui ne viole ni ne tue les femmes mais leur réserve un sort peut-être pire encore : il les séduit, les kidnappe, joue avec elles, puis les abandonne à l'état de mort cérébrale. 
Neurologue, Maude Garance est en charge des neufs victimes de celui que la presse a surnommé Toyer. Bouleversée par le sort de ces femmes, elle accepte la proposition que lui fait Sara Smith, une jeune journaliste ambitieuse : s'adresser directement au coupable par voie de presse. 
C'est le début d'une relation très particulière, par médias interposés, entre Maude et Toyer, qui bien vite passionne un lectorat avide de sensations. Grisé par une célébrité grandissante, Toyer commettra-t-il le faut pas qui permettra de l'identifier ?
Alors que dans l'ombre Maude et Sarah continuent d'enquêter, eles ne tardent pas à réaliser que leur mystérieux interlocuteur est beaucoup plus proche d'elles qu'elles ne le croyaient. 

Avec ce thriller très stylisé, qui ne laisse pas une minute de répit au lecteur, Gardner McKay nous offre avec un art magistral de l'intrigue et du suspense une réflexion passionnante sur les relations entre le mal, la société et les médias. Sujet en or pour Brian de Palma qui adaptera bientôt Toyer au cinéma.


Gardner McKay (1932-2011) a été skipper professionnel, éleveur de lions, sculpteur, animateur de radio et acteur. On l'a vu en particulier dans le rôle du Capitaine Troy dans la série Aventures dans les îles.

MAJ. (La chronique est dispo ICI), découvrez la bande annonce du livre :



Frédéric Fontès

jeudi 23 juin 2011

12 livres à dévorer sur la plage !

C'est bientôt les vacances et chacun y va de son conseil de lecture pour les longues heures de farniente au soleil. Nouveautés ou livres déjà parus, petits ou grands éditeurs, têtes de gondoles ou petites raretés en rayon, français ou anglo-saxons, la chose la plus importante, c'est que vous passiez un moment inoubliable. Je vous propose de faire votre choix dans une liste de 12 livres à dévorer sur la plage ou aux abords de la piscine :

Druide d'Oliver Peru (Éclipse).
Les Ronds dans l'eau d'Hervé Commère (Fleuve Noir).
Les Visages écrasés de Marin Ledun (Seuil).
Papillon d'Henri Charrière (Robert Laffont /Pocket)
3 fois plus loin de Nathalie Hug et Jérôme Camut (Calmann-Lévy/Livre de poche).
Légume Vert de Philippe Vigand  (Anne Carrière).

Avant d'aller dormir de SJ Watson (Sonatine).
Le Diable dans la ville blanche d'Erik Larson (Cherche-Midi).
Julius Winsome de Gerard Donovan (Seuil/Point).
Little bird de Craig Johnson (Gallmeister/Poche G).
Féroces de Robert Goolrick (Anne Carrière).
Replay de Ken Grimwood (Seuil).









Frédéric Fontès

mercredi 22 juin 2011

Le Texas en automne de R.J. Ellory (Sonatine)

Depuis le 18 juin dernier, Sonatine met gratuitement à votre disposition via vos libraires, une nouvelle inédite de Roger Jon Ellory. Le Texas en automne (Texas In The Fall) est traduit par Fabrice Pointeau.

En 25 pages, Le Texas en automne parvient à condenser ce qui fait le succès, le terreau des romans de RJ Ellory.
Avec Seul le silence, on savait que l'auteur prenait plaisir à mêler le noir, la poésie, le lyrisme et de lier ces ingrédients pour nous conter une troublante histoire d'amour.
Avec Vendetta et Les Anonymes, il démontrait son savoir faire en intégrant son intrigue dans des faits marquants de l'histoire.
Le Texas en automne, c'est toutes ces choses à la fois. Le combat des ténèbres et de la lumière, à l'image de ces deux points de vue qui alternent presque de manière syncopale, pour nous faire franchir ce mur très fin qui nous sépare du divin.
Cette nouvelle est une véritable petit gourmandise aigre-douce qui ne laissera aucun lecteur indifférent. De quoi avoir définitivement une douce foi dans les anges ...
Frédéric Fontès

lundi 20 juin 2011

Vertige de Franck Thilliez (Fleuve Noir)

Source : Philippe Savin www.franckthilliez.com
J'évoquais déjà la sortie du livre fin 2009 (ici) mais la sortie avait été reportée. C'est donc le 13 octobre prochain que sortira le 10ème roman de Franck Thilliez (11 avec Conscience Animale).

MAJ : la chronique du roman est ICI.

Avec Vertige, l'auteur revient aux huis clos, qu'il avait déjà exploré via la Forêt des Ombres.

En attendant la quatrième de couverture, voici ce qu'en disait l'auteur fin 2009 :

Le livre en cours qui paraitra dans un an, ce sera un huis clos psychologique, un thème qui m'a toujours passionné : des personnages se réveillent tout au fond d'un gouffre, dans le noir et le froid, sans savoir pourquoi ils ont là, ni comment ils vont survivre. Le défi, c'est de réussir à faire une histoire complète avec autant de suspense et de rebondissements que dans un roman de plein air ...

Dans ce huis clos étouffant et glacial à la fois, Franck Thilliez joue à décortiquer l'âme humaine, confrontée aux situations de l'extrême...



 Frédéric Fontès

mardi 14 juin 2011

Le Passager de Jean-Christophe Grangé (Albin Michel)


On connait désormais le titre du neuvième roman de Jean-Christophe Grangé à paraitre le 01er septembre prochain aux éditions Albin Michel : Le Passager.

Je suis l’ombre.
Je suis la proie.
Je suis le tueur.
Je suis la cible.

Pour m’en sortir, une seule option : fuir l’autre.
Mais si l’autre est moi-même ?...
Source du résumé : Polars Pourpres

MAJ  : La chronique est ICI.

Frédéric Fontès

dimanche 12 juin 2011

Chronique : Paradis à vendre de Stephan Ghreener (Fleuve Noir)

Surprenant ce second opus des aventures de Joshua Gallagher, tant dans le fond que dans la forme, à l'image du prologue assez percutant. Stephan Ghreener consacre autant de temps de présence à son héros emblématique qu'au reste de son casting. Dans Paradis à vendre, il pose son héros dans une histoire qui fait une transition, entre deux tomes (j'anticipe sur le prochain) mais il s'attache aussi à l'histoire des personnages qui gravitent autour de lui ou qui font partie de sa mythologie. C'est intéressant parce que cela nous donne l'impression qu'ils sont autonomes et que Stephan Ghreener raconte l'histoire que ces derniers veulent bien lui laisser conter. Un auteur à découvrir, si ce n'est pas déjà fait.
Frédéric Fontès 

vendredi 10 juin 2011

Le Prince du surnaturel qui va hanter vos journées et vos nuits à un nom : JOE HILL !




Le Prince du surnaturel qui va hanter vos journées et vos nuits à un nom : JOE HILL !

Joe Hill, de son véritable nom Joseph Hillstrom King, est le fils de Tabitha et Stephen King. Difficile de parler du travail du fils sans évoquer celui du père mais nous y reviendrons. Ce qui est indéniable, c'est que Joe Hill a une patte qui lui est propre. Sa capacité à développer des univers à la fois simples et complexes fait de lui une véritable révélation en matière d'épouvante, de thriller et de fantastique. Trois genres qu'il maîtrise et avec lesquels il s'amuse à surprendre son lecteur et nourrit son art dans trois œuvres : un recueil de nouvelles, un roman, et un comic book. Petit détail amusant : dans le film Creepshow, réalisé par George Romero en 1982 et scénarisé par Stephen King, c'est Joe qui fait une apparition dans le rôle de Billy, que l'on voit dans le prologue et l'épilogue du film. Très intéressant parce que finalement, ce petit garçon peut être considéré comme l'astre principal de la galaxie Joe Hill.



Fantômes, Histoires Troubles

(20th Century Ghosts) a été publié aux Etats-Unis en 2005 et traduit en France par Valérie Rosier pour les éditions Jean-Claude Lattès en février 2010.

Vous connaissez le point commun entre un enfant et un romancier ? Lorsqu'ils racontent une histoire, rien n'est impossible. Et c'est sur ce principe que Joe Hill pose les bases de son univers. Il prend des pincées de merveilleux, il les mélange à de bonnes grosses doses de peurs enfantines et il nous conte ses fables noires, alternant avec le thriller, l'épouvante, le mystère et le fantastique.

Comme son père, il va parfois utiliser des faits du quotidien pour nous faire traverser le miroir et nous montrer cette dimension si particulière, où un gamin peut voler grâce à une cape, où un téléphone qui n'est pas branché peut sonner et où un fantôme peut venir hanter un cinéma. Il va également évoquer le processus de la création littéraire en évoquant l'histoire d'un nouvelliste dont les textes sont d'un réalisme saisissant ...

Il boucle également d'une bien jolie manière son histoire avec George Romero. Dans la nouvelle Bobby Conroy revient d'entre les morts, il met en scène un personnage qui est figurant dans le film Dawn Of The Dead (Zombie en France), jouant les zombies maquillés par Tom Savini. Romero et Savini que Joe Hill avait déjà rencontré 23 ans auparavant sur le tournage de Creepshow.

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L'ensemble des seize nouvelles (quinze plus une en guise de remerciement) permet de se rendre compte des différentes facettes du talent de l'auteur. Son œuvre est définitivement dans la continuité des maîtres en la matière : il s'amuse avec des fins ouvertes à la manière de son père et de John Carpenter, laissant aux lecteurs le soin d'imaginer la conclusion. Il place son lecteur dans un quotidien bousculé par un événement extraordinaire comme on pouvait en savourer dans les épisodes de la Twilight Zone signés Richard Matheson ou Rod Sterling. Il se plait à rendre crédible l'exagéré qui devient la norme comme le nez au milieu de la figure avec la nouvelle Pop Art qui met en scène un enfant-ballon de baudruche, qui ne déplairait pas aux fans des univers fous de Terry Gilliam. Il nous conte l'histoire de la lente transformation d'un être humain en une créature monstrueuse dans Stridulation, comme Stephen King ou Clive Barker en ont le secret, etc.

En fait, Joe Hill confronte ses héros à l'arrivée d'une étincelle de surnaturel dans leur quotidien : il les place dans un univers rassurant qu'ils connaissent bien, il leur fait ouvrir une porte qui les mène vers quelque chose d'inhabituel et il fait en sorte qu'ils n'aient aucun doute sur la réalité de ce dont ils sont témoins. Tout devient donc possible, même l'impossible. Et l'auteur ne palabre pas pendant des heures pour expliquer comment ses personnages vont se mettre à croire au phénomène auquel ils sont confrontés. Une fois face à l'étrange, ils ne doutent pas de ce qu'ils voient. Et c'est ce que l'on éprouve en tant que lecteur.

Cette part d'impossible, Joe Hill en fait le carburant de ses nouvelles, de ses romans et de ses scenarii de comic books. Même si toutes les nouvelles du recueil ne sont pas de qualités égales, elles ont en commun cette rémanence qui perdure longtemps après avoir refermé le livre. C'est aussi à ça que l'on mesure l'impact d'un grand auteur sur son lectorat. Outre le fait de parvenir à être un bon raconteur d'histoires, il faut aussi qu'il parvienne à les faire subsister dans l'esprit des gens, une fois le livre remisé dans la bibliothèque. Joe Hill est de ces auteurs qui hantent ses lecteurs, vous êtes prévenus.

Le Costume du Mort

(Heart-Shaped Box, comme la célèbre chanson de Nirvana) a été publié aux Etats-Unis en 2007, et traduit en France par Valérie Rosier pour les éditions Jean-Claude Lattès en mars 2008. Il est également disponible en format poche depuis octobre 2009 aux éditions du Livre de Poche.

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Premier roman de Joe Hill, le Costume du Mort lui permet de poursuivre son exploration de cet étrange univers où vivants et morts se provoquent au détour d'un coin sombre, pour se hanter mutuellement. Ici, un fantôme décide de consacrer ses maudites heures perdues à pourrir la vie du héros. Un peu comme la conscience peut pourrir la vie d'un individu qui n'a pas fait que des choses bien dans sa vie. Jude, star du rock, signe malgré lui un pacte avec l'ancien propriétaire de ce costume venu désormais le hanter. Cette intrusion l'oblige à entrouvrir une porte qu'il avait condamné et le met face à ses souvenirs d'enfances qui ont fait de lui l'homme qu'il est désormais. La présence maléfique compte bien jouer les marionnettiste avec Jude pour l'obliger mettre fin à ses jours. Enfin, c'est sur cela que compte le fantôme mais il va tomber sur un os, un comble pour un spectre, non ?

Le titre du livre prend un autre sens en cours de lecture : le costume permet dans un premier temps la jonction entre les deux univers. Mais Joe Hill évoque aussi un autre habit : quand le fantôme prend possession du héros, ce dernier devient le véritable costume du mort. Une idée fascinante, qu'un simple mortel puisse finalement devenir le véritable déguisement d'un spectre. Plus loin, il soumet l'idée qu'un adulte n'est finalement que le costume de l'enfant qu'il est resté au fond de lui.
Très intéressante cette idée, puisque l'on parle de jonctions entre les vivants et les morts mais on peut aller plus loin en parlant de jonction entre l'enfant et l'adulte, entre l'adulte et l'écrivain. On pourrait philosopher des heures sur ce genre de concept, des corps tels des costumes qui nous habillent, contenant ou retenant des âmes, etc. Joe Hill est définitivement un concepteur de brio qui s'inspire de nos peurs.

C'est là que réside son génie. Il joue avec des notions abstraites lui permettant de construire des décors et d'y faire évoluer ses personnages, tout en utilisant des fondations fondamentales de notre quotidien. En leur donnant une épaisseur psychologique suffisamment intéressante, il oblige les lecteurs à se poser des questions, à réfléchir aux possibilités ainsi offertes, créant un lien particulier avec ces derniers.

Ces éléments importants qui nous hanteront longtemps après avoir refermé le roman, vont servir d'écrin au couple que forment les personnages principaux. Ils deviennent vite très attachants malgré les casseroles respectives qu'ils trainent et dont ils ne sont pas forcément fiers. Mais ce drame qui vient cogner à leur porte va servir de catalyseur et leur faire prendre conscience qu'il est encore temps pour eux de changer de vie. Le spectre vient lui aussi s'insérer entre les personnages et les lecteurs en perturbant cette empathie naissante, renforcée au fil des pages jusqu'à la dernière et bien au-delà.

Des êtres finalement malheureux qui font le point sur leurs vies tumultueuses et qui se retrouvent à cette jonction qu'est le livre. Une jonction qui va encore une fois se matérialiser via une porte à la fin du roman. Un fantôme, une porte. Deux des ingrédients de l'univers de Joe Hill que l'on a déjà découvert dans son recueil de nouvelles et qui vont être à la base de son comic book, Locke & Key.

Les droits de l'adaptation du roman au cinéma ont été acquis par la Warner Bros. Il pourrait être scénarisé et réalisé par Neil Jordan.

Locke & Key

Première mini-série publié en 2008 aux Etats-Unis chez IDW, traduit en France par Maxime Le Dain en novembre 2010 pour Milady Graphics.

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Des fantômes, un enfant malin qui est peut être la « clef » de l'histoire, des portes qui mènent vers d'autres ailleurs, des adultes hantés par leurs secrets, une maison pleine de mystères : les ingrédients qui font le sel des recettes de Joe Hill sont encore là.Locke & Key, qu'il a co-créé avec le dessinateur Gabriel Rodriguez, lui offre l'opportunité de raconter l'histoire de cette famille hantée et persécutée par les forces du mal sous la forme d'une première mini-série, Welcome To Lovecraft, que les éditions Milady Graphics viennent de traduire en français (la quatrième mini-série s'est achevée aux Etats-Unis fin 2010, elle sera compilée début 2011 chez IDW).

Thriller, épouvante, fable, mystère, fantastique. Comme dans le premier recueil de nouvelles du romancier, Locke & Key mélange les genres. Autour de ce nouveau concept qui consiste, entre autres, en l'exploration d'une maison qui cache des clefs aux pouvoirs extraordinaires, Joe Hill va bâtir une solide mythologie dont les différentes clefs lui offrent l'opportunité d'enchaîner histoires sur histoires. Chaque clef dans la maison a sa serrure et cette dernière peut se cacher dans des endroits vraiment inattendus ...

L'auteur renoue avec l'univers de l'enfance en plantant le décor de son histoire dans une maison dévoilant ses secrets aux enfants qui l'habitent mais qui se charge de leur faire oublier ses mystères quand ils grandissent. Une belle métaphore sur le passage à l'âge adulte et sur toutes les choses que l'on abandonne et laisse derrière soi en grandissant .

Une véritable osmose se crée entre l'étonnante histoire de Joe Hill et les dessins de Gabriel Rodriguez. Avec un trait qui s'affine au fil des pages et qui fait des merveilles, Rodriguez prouve dans ce premier opus qu'il est l'illustrateur idéal pour mettre en évidence le panel d'émotions qui va contribuer à la bonne caractérisation des personnages. Il produit des décors méticuleux où chaque détail à son importance et sublime les mots de Joe Hill en leur donnant cette résonance si particulière qui fait de Locke & Key une lecture qui ne laissera pas son lecteur indifférent.

On appréciera les introductions qui ouvrent les premiers albums, Robert Crais pour le tome 1, Warren Ellis pour le 2 et Brian K. Vaughan pour le 3. Le tome 4 sera disponible début 2011 chez IDW.

Dreamworks a récupéré les droits d'adaptations TV de la série. Le show sera, entre autres, produit par Steven Spielberg.

À noter que Horns, second roman de l'auteur, sera publié en France aux éditions JC Lattès le deuxième semestre de 2011 (Chronique de Cornes ICI). Une histoire qui devrait plaire aux fans de Hellboy, puisque son héros, Ig Perrish, découvre un matin que deux cornes lui poussent sur le crâne et qu'il semble avoir gagné des pouvoirs diaboliques...

MAJ 2015 avec la chronique de son dernier roman, Nosfera2, ICI.

Frédéric Fontès, 4decouv

Lien :  http://club-stephenking.fr

Source : première publication de l'article dans la revue Scarce.


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mardi 7 juin 2011

Flamand des vagues de Jan Van Dorp (Phébus)

Je vais bientôt le recevoir, je repasserai vous en dire ce que j'en pense cet été.

Quelle vie incroyable que celle de Marinus De Boer ! Quel destin pour ce natif d'Ostende qui, à onze ans déjà, en 1676, savait ce qu'était une bataille navale, l'odeur de la poudre et le fracas des abordages ! Quel destin fabuleux pour cet homme devenu à son tour une légende et dont chaque journée ou presque pouvait nourrir, dans les vieilles tavernes, des histoires sans fin ! Élevé sous la férule d'un pirate et d'un géant, redoutable meneur d'hommes, Marinus De Boer, topant dans la main avec des marins tannés au vent, ira jusque vers les Indes, écumera les océans non comme un pirate classique, mais bien comme un Flamand vivant haut et fort à la manière de Brueghel... 


Frédéric Fontès

dimanche 5 juin 2011

Derniers retranchements par Hervé Le Corre (Rivage)

 Le nouveau roman d'Hervé Le Corre est disponible depuis le 01 juin aux éditions du Rivage.

Des femmes incomprises, des adolescents en révolte, des couples qui se déchirent et d'autres qui vivent leurs derniers jours, des parents au bout du rouleau, des ouvriers licenciés. Tous ont été poussés dans leurs derniers retranchements par la vie et "lorsqu'on ne peut plus rêver, quelque chose dans l'esprit des hommes se bloque ou s'éteint, et ne subsiste plus alors qu'une rage aveugle et mélancolique". Ces tranches de vie pourraient n'être que des faits divers. Transcendées par le style de Le Corre, elles sont intenses, belles et poignantes. Profondément humaines. 



Frédéric Fontès

Cadix, ou la diagonale du fou par Arturo Pérez-Reverte (Seuil)

 À paraitre le 29 septembre prochain aux éditions Seuil dans la collection Cadre Vert.

Avec Cadix, ou la diagonale du fou Pérez Reverte retrouve la veine de ses grands romans d'aventure et policiers. Mais ici, il s'agit, aussi, d'un roman d'époque, puisque l'histoire se déroule en 1810 dans Cadix assiégée par les troupes napoléoniennes et alors que Joseph Bonaparte est assis sur le trône d'Espagne. Deux histoires se déroulent en parallèle: d'une part l'enquête du commissaire Tizon sur les meurtres en série de jeunes filles assassinées à l'endroit où tombent les bombes tirées de l'autre côté de la baie par les Français, d'autre part les difficultés financières de Lolita Palma, propriétaire d'une compagnie de commerce maritime qui va la conduire à armer un navire corsaire commandé par le capitaine Lobo qui s'éprend d'elle. La fin du roman réunit ces deux intrigues. Cadix, ou la diagonale du fou est sans aucun doute le roman le plus ambitieux de Pérez Reverte. Le suspense mène le lecteur dans une reconstruction d'époque absolument passionnante, depuis la vie dans Cadix assiégée, ses coutumes, ses occupations quotidiennes, son commerce sur mer, ses escarmouches avec les Français, pour laquelle la documentation effectuée par Pérez Reverte est impressionnante. On retrouve dans ce livre tout ce qui a fait le succès des autres romans: intrigue policière ( le Club Dumas), personnage de femme indépendante et volontaire ( La Reine du Sud), aventure en mer ( Le Cimetière des bateaux sans nom ), l'histoire ( Le Hussard, Un jour de colère ) et la construction romanesque est particulièrement réussie.



Frédéric Fontès

vendredi 3 juin 2011

Midnight Movie de Tobe Hooper et Alan Goldsher (Michel Lafon)

Un réalisateur de films d’horreur, nommé Tobe Hooper, assiste à la projection de son premier film lors d’un festival de seconde zone. Ce film « perdu », écrit et réalisé par Tobe lorsqu’il n’avait que quinze ans, n’a jamais été projeté en public, et lui-même n’en a aucun souvenir.

Mais très vite les spectateurs sont victimes de phénomènes étranges, effrayants, à la limite du surnaturel… Leurs amis sont eux aussi touchés. Et les amis de leurs amis… Le phénomène se propage à toute vitesse, et les cadavres s’accumulent dans l’Amérique entière. Tobe comprend alors que pour arrêter cette épidémie, il devra remonter aux origines de ce film maudit, un film qu’on n’aurait jamais dû projeter à minuit.


Le célèbre réalisateur de film d'horreurs, Tobe Hooper, se lance dans la folle aventure du roman. Disponible depuis le 26 mai et traduit par Pascal Loubet, ce roman devrait plaire aux fans du genre. Vous pouvez lire une chronique du livre ICI (clique droit de la souris).

Frédéric Fontès

jeudi 2 juin 2011

Les Fleurs de l'Ombre de Steve Mosby (Sonatine)


Source Hoel pour les Rivières Pourpres

Après Un sur deux et Ceux qu'on aime, Les Fleurs de l'ombre( Derniers instants), le nouveau roman de Steve Mosby est annoncé en France chez Sonatine pour le 19 janvier 2012. (le 03 novembre prochain). Il s'agit de la traduction de Black Flowers, roman publié par l'auteur cette année au Royaume-Uni.

Ce n'est pas l'histoire d'une fille qui disparaît.
C'est l'histoire d'une fille qui réapparaît.
Un matin, sur une promenade de bord de mer, venue de nulle part, une fleur noire à la main, et une histoire atroce à raconter.


Ainsi commence La Fleur de l'Ombre, un thriller écrit en 1991 par un certain Robert Wiseman, mystérieusement disparu alors qu'il en écrivait la suite. À la mort de son père, retrouvé au pied d'un viaduc, s'étant apparemment suicidé, Neil Dawson découvre que celui-ci nourrissait une étrange obsession pour La Fleur de l'ombre. Il constate rapidement d'étranges similitudes entre les derniers jours de l'auteur et ceux de son père? Et pire encore, c'est peu à peu la réalité qui semble s'inspirer de cet abominable récit. Neil se retrouve soudain aux prises avec un psychopathe d'un genre très particulier.


MAJ 03-06-2011, 27-10-2011 & 23-11-2011


Frédéric Fontès

BD : Zone 10 de Christos N. Gage & Chris Samnee (Delcourt)

Un tueur du nom d’« Henri VIII » sème une série de corps décapités au cœur de New York. Sans l’ombre d’un mobile, l’enquête de l’inspecteur Adam Kamen, en plein passage à vide après son divorce, piétine sérieusement. Une lésion accidentelle au cerveau, reçue lors d’une prise d’otage musclée, va cependant lui donner une toute nouvelle perception de l’affaire. 

J'avais fais l'impasse sur la version originale de cet album (Area 10) et quand j'ai su que les Delcourt allaient le traduire, je savais que j'allais me régaler. Je sais que Christos N. Gage connait bien son travail mais c'est surtout Chris Samnee, l'illustrateur, qui m'intéresse. Parce que je le considère comme une des meilleurs révélations de ces dernières années. Il prouve une nouvelle fois l'immensité de son talent avec ces superbes planches en noir et blanc. J'ai fais connaissance avec son travail via la série Thor the Mighty Avenger. En ce qui concerne l'histoire, impossible pour les amateurs des romans de Jérôme Camut & Nathalie Hug de ne pas penser à leur roman Les Éveillés. Pour les autres références sur les troubles du sommeil et de la perception, je ne peux que vous conseiller également la lecture de La Nuit interdite de Thierry Serfaty, Insomnie de Stephen King, et L'Anneau de Moebius de Franck Thilliez.
Si vous avez déjà lu un de ces romans, Zone 10 devrait vous plaire. Et si vous souhaitez prolonger votre immersion dans cet univers après la lecture de la bd, ruez-vous sur l'un des romans ci-dessus.




Frédéric Fontès