jeudi 31 décembre 2015

Chronique : Corrosion - Jon Bassoff (Gallmeister)

« Pécheurs, pécheurs, fuyez à toutes jambes, ne regardez point en arrière, fuyez ce monde, sans quoi vous serez consumés ! »

Difficile de parler de cet incroyable roman. Son titre, Corrosion, est parfait puisque le lecteur va faire l'expérience de cette réaction chimique qui consume petit à petit l'humanité de ses personnages.

Expérience, toujours, qui consiste également à déboussoler son lecteur avec une seconde partie faisant office de rupture et nous embarquant vers une autre histoire. Un plongeon dans le brouillard de la folie.

Alors on se questionne, on s'interroge. Et puis on commence à voir les rats apparaitre à la périphérie de notre chant de vision.

Traduit par Anatole Pons, Corrosion de Jon Bassoff est dans le parfait prolongement d'un autre roman de la collection NéoNoir des éditions Gallmeister : L'Enfer de Church Street par Jake Hinkson. Deux romans vénéneux, brûlants qui ne laissent aucune place à l'optimisme. Deux véritables plongées en enfer.

Corrosion est le premier roman d'un auteur dont il faudra retenir le nom : Bassoff, deux S deux F !

« Il était difficile de distinguer le jour de la nuit, difficile de distinguer le sommeil de l'insomnie, difficile de distinguer la folie de la raison. »

Présentation de l'éditeur :

Un vétéran d'Irak au visage mutilé tombe en panne au milieu de nulle part et se dirige droit vers le premier bar. Peu après, un homme entre avec une femme, puis la passe à tabac. L'ancien soldat défiguré s'interpose, et ils repartent ensemble, elle et lui. C'était son idée, à elle. Comme de confier ensuite au vétéran le montant de l'assurance-vie de son mari qui la bat. Ce qu'elle n'avait pas réalisé, c'était qu'à partir de là, elle était déjà morte.

Frédéric Fontès, www.4decouv.com

dimanche 13 décembre 2015

Chronique : Alexis Vassilkov ou la vie tumultueuse du fils de Maupassant - Bernard Prou (Brouette)


Je suis épaté par la lecture de cette vie tumultueuse. Avant toutes choses, c'est une magnifique histoire d'amour. Je dirai même que ce sont de magnifiques histoires d'amour.
Bernard Prou s'efface derrière une narration simple et efficace. Il fait vibrer son lecteur en créant avec lui une parfaite relation amicale.
L'autre belle surprise, c'est lorsque que l'on découvre l'enjeu du roman : insinuer dans la continuité historique ce fils de Guy de Maupassant, lui donner vie en le glissant entre les lignes de l'histoire.
Sur la quatrième de couv, Fernando Arrabal qualifie Alexis Vassilkov de héros strogoffien. J'irai plus loin en parlant de héros holmésien : comme Sir Arthur Conan Doyle, Bernard Prou donne vie à un personnage particulièrement attachant qui prend immédiatement vie dans l'inconscient du lecteur. Comme certains anglais qui pensent que Sherlock Holmes a vraiment existé, on se prend à croire à la réalité de ce fils caché.
Et c'est là que le tour de magie littéraire s'opère puisque croire en un personnage, c'est lui donner la vie.
Quand Alexis se retrouve au bagne, impossible de ne pas penser à Papillon et Banco d'Henri Charrière. Comme ce dernier, Bernard Prou donne du carburant à l'entité Alexis Vassilkov en lui offrant un costume de héros malgré lui qui va traverser les années de sa vie en se créant sa propre légende.
Et comme toutes les légendes, on navigue entre fiction et réalité.
La partie en Sibérie m'a également permis de revenir vers un univers que j'adore avec un autre personnage qui aurait pu se retrouver aux côtés de Vassilkov : je pense à l'Inspecteur Pekkala de Sam Eastland (voir ICI et ).
Du plaisir, donc !
J'exprimerai juste quelques bémols concernant le pan franc-maçonnique du héros que je trouve un peu trop omniprésent et quelques changements de point de vue en fin de roman qui cassent un peu le rythme des dernières pages (je pense au versant collaborateur d'un des personnages).
Gros coup de cœur donc, pour un roman qu'il faut soutenir en contactant l'auteur pour vous le procurer puisqu'il n'est pas disponible dans le réseau habituel de distribution.
Deux choix s'offrent à vous : le commander via la Griffe Noire en cliquant ICI.
Ou, et c'est le choix que je vous invite à suivre, contacter l'auteur par mail à l'adresse suivante brouette.editions@free.fr et vous le faire dédicacer. Et de cette manière, vous pouvez en profiter pour faire un cadeau de noël assez redoutable.
Et oui, offrir un livre rare pour ses qualités et son faible tirage devrait combler de plaisir les amoureux de la littérature de votre entourage.

Présentation des éditions Brouette :

À la veille de sa mort, Guy de Maupassant connaît une ultime idylle avec la peintre Lioubov Andréievna Vassilkova. Les tribulations d’Alexis, leur fils irrévélé, le conduisent dans la Russie révolutionnaire. Bientôt le jeune médecin fait partie de l’entourage proche de Staline et se retrouve déporté au goulag de Mirny, en Sibérie, où il est initié à la franc-maçonnerie dans une loge clandestine. Ses engagements, sa bonne fortune, l’appui occulte d’un chamane yakoute et l’amour de la belle Ayami, lui rendent la liberté et la France de son enfance. En 1940, Alexis rejoint la Résistance dans le maquis de Haute-Loire. Les aventures d’Alexis Vassilkov, personnage hors du commun que le dramaturge Fernando Arrabal a qualifié de héros strogoffien, épousent les turbulences du XXe siècle jusque bien après-guerre dans un même souffle épique et picaresque.

Frédéric Fontès, www.4decouv.com

samedi 12 décembre 2015

News : Le Feu Divin - Robert Lyndon (Sonatine)



Je suis très très très content de pouvoir partager avec vous la présentation du second roman de Robert Lyndon, Le Feu Divin, à paraitre en septembre prochain aux éditions Sonatine.
J'avais été complètement scotché par son premier livre, La Quête, traduit en 2013 par Élodie Leplat de nouveau à l’œuvre sur ce second roman.
Pour lire ma chronique consacrée à la Quête, cliquez ICI.
En attendant d'avoir en main ce Feu Divin, voici sa quatrième de couverture.

Présentation de l'éditeur :

1081. De vastes empires se livrent une guerre sans merci pour étendre leur puissance. L’Europe et ses abords sont un vaste champ de bataille : depuis le nord avec les Normands, jusqu’au sud avec les Byzantins, aucun peuple ne veut céder du terrain. Mais il se murmure qu’à l’est un empire encore plus puissant détient une arme capable de mettre le monde à genoux : une poudre noire qui explose lorsqu’on l’enflamme.L’empereur byzantin confie une mission secrète et presque impossible au mercenaire franc Vallon. Pour conquérir cette poudre, il devra se rendre jusqu’en Chine avec une troupe de soldats bien entraînés. Il sera notamment accompagné du médecin Hero, de Wayland, un chasseur solitaire, du Viking Wulsftan, et d’un jeune Franc nommé Lucas. Chacun possède de bonnes raisons d’entreprendre ce dangereux voyage, et chacun cache ses secrets.Cette quête, qui va durer plus de trois ans, va les mener sur des mers périlleuses et dans des déserts arides. Leur périple va prendre des tours imprévus, qui les conduiront entre autres à la recherche d’un mystérieux ermite chrétien au Tibet et au Népal. Beaucoup n’en reviendront pas vivants. Mais pour ceux qui réussiront, les récompenses pourraient dépasser toute espérance.

Après le travail monumental de La Quête, Robert Lyndon s’impose, avec cette fresque terriblement ambitieuse et d’une érudition vertigineuse, comme le nouveau grand auteur de la fiction historique. Il nous entraîne ici dans un voyage époustouflant où la description des batailles, des paysages et les aventures de ses personnages nous transportent véritablement dans le temps.

Frédéric Fontès, www.4decouv.com

lundi 7 décembre 2015

News : Viens avec moi - Castle Freeman Jr (Sonatine)






Bientôt adapté au cinéma avec Ray Liotta et Sir Antony Hopkins, Viens avec moi (Go With Me, 2008) est le premier roman traduit en France du journaliste et essayiste Castle Freeman Jr.
Il est traduit par Fabrice Pointeau et sera publié le 14 janvier 2016 aux éditions Sonatine.

Présentation de l'éditeur :

Dans les fins fonds désolés du Vermont, la jeune Lilian est devenue la cible de Blackway, le truand local. Son petit ami a préféré fuir, et elle a décidé de rester, bien résolue à affronter celui qui la harcèle. Alors que le shérif se révèle impuissant, Lilian décide alors de passer à l'action.

Castle Freeman Jr. manie la langue et la narration avec une virtuosité rare, faisant de ce récit intense, qui se déroule sur quelques heures, une lecture inoubliable, aussi terrifiante que drôle. Le portrait qu'il dresse d'un Vermont sauvage et désolé, de la réalité violence et de criminelle des régions les plus reculées de l'Amérique, marquera à coup sûr les esprits.

« Un diamant noir, effilé comme une lame, et qui brille d'un éclat sombre. » The Boston Globe

Frédéric Fontès, ww.4decouv.com

News : Les Parutions des éditions Sonatine en 2016


Les éditions Sonatine vous présentent les 22 titres à paraitre, de janvier à novembre 2016 (sous réserve de modification du calendrier des sorties).
Et comme vous allez pouvoir le constater, il y a du lourd.
Vous êtes prêts ?

Janvier 2016 :
Viens avec moi de Castle Freeman Jr traduit par Fabrice Pointeau
La nuit derrière moi de Giampaolo Simi traduit par Sophie Royère

Février 2016 :
Un prisonnier modèle de Paul Cleave traduit par Fabrice Pointeau
Old School de John Niven traduit par Nathalie Peronny

Mars 2016 :
Tout ce qu'on ne s'est jamais dit de Celeste Ng de Fabrice Pointeau
Orgasme de Chuck Palahniuk traduit par Clément Baude
Viva la madness de J.J. Connolly traduit par Fabrice Pointeau

Avril 2016 :
Révolution Tome 1 L'Idéal par Hilary Mantel traduit par Claude & Jean Demanuelli
Survivre de Vicki Petterson traduit par Caroline Nicolas

Mai 2016 :
Tout n'est pas perdu de Wendy Walker traduit par Fabrice Pointeau
Moi, ma vie et les autres de Jim Powell traduit par Marianne Thirioux

Juin 2016 :
Le Condor de Stig Holmas traduit par Alain Gnaedig

Août 2016 :
Là où les lumières se perdent de David Joy traduit par Fabrice Pointeau
Révolution Tome 2 Les Désordres par Hilary Walker traduit par Claude & Jean Demanuelli

Septembre 2016 :
Hortense de Jacques Expert
Le Feu Divin de Robert Lyndo traduit par Élodie Leplat

Octobre 2016 :
Un cœur sombre de R.J. Ellory traduit par Fabrice Pointeau
L'Acteur qui voulait tuer Staline de Paul Goldberg traduit par Caroline Nicolas

Novembre 2016 :
Nous allons mourir ce soir de Gillian Flynn traduit par Héloïse Esquié
Au revoir de Robert Goddard traduit par Claude & Jean Demanuelli
Jenny de Fabrice Collin

À noter l'omniprésence de l'incroyable Fabrice Pointeau qui traduit 7 romans en 2016. Un travail qui est évidemment indissociable du succès des parutions des éditions Sonatine depuis 2008.

Frédéric Fontès, www.4decouv.com

Poche : Un tocard sur le toit du monde - Nadir Dendoune (Pocket)






Précédemment édité en grand format aux éditions JC Lattès (ça date de 2010 quand même), Nadir Dendoune débarque en format poche chez les éditions Pocket avec son incroyable aventure déjantée relatée dans Un tocard sur le toit du monde.

À paraitre le 7 janvier prochain.

Présentation de l'éditeur :

Fils d'immigrés algériens, Nadir est un enfant du 9-3 qui a grandi avec pour seuls sommets les barres HLM de sa cité. Mais ce n'est pas parce qu'on est né du mauvais côté du périph' qu'on est obligé d'y rester ! Après un tour du monde à vélo réalisé en solo, il décide de s'attaquer à l'Everest et s'invente un faux CV d'alpiniste afin de convaincre un guide de l'y emmener. Arrivé sur place, la supercherie ne tient pas longtemps, et face à la difficulté de l'ascension, tous pensent qu'il va rapidement renoncer. C'est justement pour ça qu'il a continué. 

« Plus qu'une aventure, c'est une expérience sociale et intime que nous conte l'auteur. » Rosa Moussaoui – L'Humanité 
« Une leçon de volonté et d'obstination, teintée d'humour et de prises de position. » actualitte.com 

Frédéric Fontès, www.4decouv.com

mardi 1 décembre 2015

Chronique : Grossir le ciel - Franck Bouysse (Écorce)


« Il faut croire que, tant qu'on n'a pas gouté à mieux que ce qu'on a sous la main, on se trouve des raisons d'apprécier sa pitance, peut-être même  de ne pas du tout en chercher d'autre. Sûrement un des secrets du contentement, sans pour autant envisager le bonheur, car ce genre de sentiment n'avait manifestement jamais mis les pieds aux Doges. »

Je suis encore sonné par ma lecture, après avoir tourné les dernières pages. Grossir le ciel est un roman qui laisse derrière lui les mêmes traces que celles déposées par Gerard Donovan, Craig Johnson, David Morrell, Ron Carlson et Donald Ray Pollock.

Une histoire à la beauté cruelle qui place en son cœur un ermite et son meilleur ami, l'hiver. 

Grossir le ciel est une ode à la misanthropie écrite par son parfait antagoniste. L’empathie de Franck Bouysse fige dans les pages de Grossir le ciel des instants de poésie pure. Des moments où la philosophie d'un quotidien spartiate jalonne les derniers pas d'un homme qui a passé toute sa vie en sursis.

Je vais me ruer sur les autres romans de l'auteur, histoire de poursuivre l'exploration de son univers littéraire.

« Ici, les lignées, elles s'éteignent toutes les unes après les autres, comme des bougies qui n'ont plus de cire à brûler. C'est ça le truc, la mèche, c'est rien du tout s'il n'y a plus de cire autour, une sorte de pâte humaine, si bien que l'obscurité gagne un peu plus de terrain chaque jour ; et personne n'est assez puissant pour contrecarrer le projet de la nuit. »

Présentation du livre :

L’abbé Pierre vient de mourir. Gus ne saurait dire pourquoi la nouvelle le remue de la sorte.
Il ne l’avait pourtant jamais connu, cet homme-là, catholique de surcroît, alors que Gus est protestant.
Mais sans savoir pourquoi, c’était un peu comme si l’abbé faisait partie de sa famille, et elle n’est pas bien grande, la famille de Gus. En fait, il n’en a plus vraiment, à part Abel et Mars.
Mais qui aurait pu raisonnablement affirmer qu’un voisin et un chien représentaient une vraie famille ?  Juste mieux que rien.
C’est justement près de la ferme de son voisin Abel que Gus se poste en ce froid matin de janvier avec son calibre seize à canons superposés.  Il a repéré du gibier. Mais au moment de tirer, un coup de feu. Abel sans doute a eu la même idée ?  Non.
Longtemps après, Gus se dira qu’il n’aurait jamais dû baisser les yeux.
Il y avait cette grosse tache dans la neige.
Gus va rester immobile, incapable de comprendre.
La neige se colore en rouge, au fur et à mesure de sa chute.
Que s’est-il passé chez Abel ?


Frédéric Fontès, www.4decouv.com