lundi 19 mars 2012

Chronique : Guillotine sèche de René Belbenoit (Manufacture)


Si je devais nommer mon livre de chevet, il s'agirait de Papillon d'Henri Charrière. Alors quand les éditions de la Manufacture de livres se proposent de sortir une nouvelle édition de Les Compagnons de la belle de René Belbenoit, dont la première version date de 1938, je ne peux que me ruer dessus.
Lire Guillotine sèche est l'occasion pour moi de retourner aux sources du récit de Charrière.

Avant de poursuivre, je vais faire un petite point sur la polémique Papillon.

Condamné au bagne en 1931, Henri Charrière va publier le récit de son calvaire dans le livre Papillon et sa suite Banco, romans respectivement publiés en 1969 et 1972 aux éditions Robert Laffont. Le roman sera adapté au cinéma en 1973. On parle de polémique puisqu'il est reproché à l'auteur de ne pas avoir vécu l'intégralité des récits qu'ils racontent dans ses livres mais de s'être inspiré de ceux de Charles Brunier et... René Belbenoit.

Du coup, avec Guillotine sèche, j'ai eu l'occasion de replonger dans la fascinante aventure que sera la quête de liberté de René Belbenoit, qui enchainera de multiples tentatives d’évasions avant de parvenir à ses fins. Et encore. Quand le livre s'arrête, les soucis du français ne sont pas terminés : quelques années après son arrivée aux USA, il sera expulsé et de nouveau condamné à de la prison pour immigration clandestine. Après moult péripéties, il lui faudra patienter cinq années de plus avant de pouvoir être officiellement autorisé à devenir résidant permanent sur le sol américains.

René Belbenoit n'a pas la verve d'Henri Charrière mais son récit à le mérite d'être particulièrement précis. C'est une véritable autopsie d'un condamné. Une véritable damnation en fait. Quand le bagnard a accompli sa peine, il est libéré. Mais il n'est pas autorisé à regagner sa patrie. On lui interdit de quitter la Guyane et (si je ne me trompe pas) d'obtenir un travail. Un comble !

Avant de se faire la malle une bonne fois pour toute, René Belbenoit va devenir l'archiviste du Gouverneur Siadous, qui gère la Guyane française de 1929 à 1931. Belbenoit va en profiter pour mettre la main sur un certain nombre de documents, qui vont l'aider à dénoncer les terribles injustices qui règnent au bagne. Il lui faudra entreprendre un voyage de deux ans pour quitter à pieds la Guyane et rejoindre les USA, avec ses archives sous le bras.
 Même si le récit est plus académique et moins lyrique que les romans d'Henri Charrière, il n'en demeure pas une lecture indispensable.

En 2010, Stéphane Hessel nous a invité à nous indigner.
En 1938, René Belbenoit nous avait déjà montrer le chemin, suivit quelques décennies plus tard par Henri Charrière. Ces deux hommes se sont battus, avec les moyens du bord, pour changer leur condition de vie particulièrement précaire. Avec une volonté extra-ordinaire, ils ont déjoué le destin tout tracé auquel on les avait condamné. Guillotine sèche, Papillon et Banco sont leurs histoires. Lisez-les !

En ce qui me concerne, il me reste encore à découvrir le récit de Slavomir Rawicz, À marche forcée, autre histoire de survie en milieu particulièrement hostile, qui est déjà dans la pile depuis quelques années. 

Frédéric Fontès

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C est de ma famille René belbenoit