jeudi 8 mars 2012

Chronique : Les Anges de New York de RJ Ellory (Sonatine)

Présentation ICI
C'est avec un immense plaisir que je me suis replongé dans un univers qui fait ressurgir en moi bien des images chargées d'émotions. Et savoir que c'est Roger Jon Ellory qui va m'accompagner dans le décor des Anges de New York a de quoi doper mon enthousiasme.

Les Flics de New York.
Quand on m'évoque la police de New York, je pense immédiatement à la formidable série NYPD Blues de Steven Bochco et David Milch. Découverte en 1994 sur Canal Jimmy, rarement une série m'aura autant fait passer du rire aux larmes, grâce à un casting et une interprétation d'une rare efficacité à la tv.

La spirale infernale.
C'est son précédent roman, Les Anonymes, qui m'avait permis de voir une récurrence dans la construction de ses intrigues. L'intrigue en spirale. C'était aussi le cas pour Vendetta, avec des lecteurs et des héros qui tournent autours d'un axe représentant la solution. À chaque tour, on se rapproche un peu plus de la solution, mais pas trop... Comme si on avait peur de se brûler au contact du foyer, qui consume petit à petit la vérité.
R.J. Ellory use toujours de la spirale pour construire son récit dans Les Anges de New York mais j'ai eu l'occasion de découvrir un nouvel élément très important dans ses écrits et qui permet de lier chacun de ses livres : ses histoires donnent la parole à un personnage qui va devenir lui aussi un raconteur d'histoire. Une mise en abime permettant à l'auteur de s'effacer derrière un narrateur qui vient compléter la vision du héros. À l'image de cette superbe scène à la fin qui rassemble le casting des personnages. Deux d'entre-eux décident de raconter aux autres un pan de l'histoire de Parissh qu'ils ne connaissent pas.

Les anges déçus.
Dans Seul le silence, Joseph Calvin Vaughan raconte sa propre aventure dans un roman qu'il signera de son nom.
Dans Vendetta, c'est Ernesto Perez qui vient conter l'histoire de sa vie à un enquêteur.
Dans les Anonymes, c'est le parcours atypique d'un agent de la CIA qui nous permet de lier l'intrigue policière à l'Histoire avec un grand H.
Dans la nouvelle le Texas en automne, nous suivons le destin de deux entités radicalement opposés qui donnent leur version de l'Histoire.
Dans les Anges de NY, l'inspecteur désabusé se retrouve au cœur d'une enquête en apparence faussement banale. C'est son rendez-vous obligatoire avec une psy qui va l'obliger à évoquer le passé de son père, héros des forces de police, membre fondateur des Anges de New York. Anges qui semblent avoir joué avec le feu, en endossant des costumes qui cachaient peut être les pires démons...

En son âme et conscience.
R. J. Ellory fait un autre choix très intéressant en donnant une voix particulière à ce narrateur qui devient véritablement la petite voix intérieur du héros, la conscience de Frank Parrish. On se retrouve dans les chaussures du héros avec un narrateur qui ne s'exprime pas à la première personne mais qui use des mêmes mots que Parrish. En quelques pages, la fusion est totale et le lecteur se retrouve plongé dans l'univers sombre de ce héros fatigué et cabossé.

Une douce foi dans les anges. 
Finalement, les cinq histoires de R.J. Ellory évoquent le redoutable combat des anges et des démons. Parfois, certains de ces anges deviennent des anges déchus. Et parfois, ce sont quelques démons qui tentent de se racheter un petit coin de pureté. Véritable chef d'orchestre, R.J.Ellory nous met finalement face à notre propres conscience du bien et du mal, en nous faisant réfléchir à ce qui fera peut-être un jour penché la balance de notre destin du côté clair ou du côté obscure. Le blanc et le noir, comme dans les pages d'un livre...



Frédéric Fontès

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