samedi 24 novembre 2012

Chronique : L'Origine du Mal - Gilles Haumont (Anne Carrière)

À l'occasion de la publication imminente du prochain roman de Gilles Haumont (ICI), je rapatrie ici même la chronique que j'avais rédigé suite à la lecture de son premier roman, L’Origine du Mal, publié en 2008 aux éditions Anne Carrière.

Flashback :

La première question qui nous vient à l’esprit en commençant la lecture de l’Origine du Mal de Gilles Haumont, c’est de savoir à quel point le personnage principal du roman peut être une incarnation, une projection de l’auteur. Parce que lorsque l’on découvre que le héros se nomme Guillaume Beaumont, on est en droit de se poser la question !

Cela commence comme dans un roman de Brad Meltzer (Délit d'Innocence, les Millionnaires et Jeu Mortel par exemple). Le héros candide et un peu naïf, fraichement sortie de l’école, un as dans sa partie, parvient enfin à intégrer le poste dont il a toujours rêvé. Il arrive dans ce nouveau monde avec une bande d’amis, il fait la connaissance de son/ses employeur(s) et tombe sous le charme d’une collaboratrice. Et l’intrigue se présente au lecteur … Le thriller de bureau dans toute sa splendeur.

C’est un des premiers univers dans lequel Gilles Haumont nous montre qu’il est très à l’aise. Loin de faire dans le cliché, l’auteur prouve sa maîtrise de ces différents univers qu’il semble apprécier, en nous confiant les tenants et aboutissants de son roman.

Impossible de parler de techno-thriller sans parler du maitre en la matière, Michael Crichton. Dans ce registre, l’auteur parvient lui aussi à vulgariser au maximum les faits scientifiques sur lesquels il se repose et donc à les rendre captivant.

Le cadre « science-fiction » de l’histoire reste très crédible surtout quand il permet de rebondir sur une catastrophe survenue une trentaine d’années auparavant. Un virus s’est échappé d’un laboratoire puis répandu sur New York, décimant une grande partie de la population … Catastrophe qui n’est véritablement abordée qu’en fin de roman. 

Là, l’auteur aborde le thriller post-apocalyptique, qui va nous rappeler New York 1997 de John Carpenter, ou encore le Fléau de Stephen King.

Et qui dit thriller, dit meurtres ! C’est là que Gilles Haumont décline un autre genre, en nous démontrant son amour pour les romans d’Agatha Christie, avec l’énigme du meurtre dans un lieux clos, et plusieurs suspects possible. Climat de suspicion qui va véritablement compliquer la vie de Guillaume Beaumont !

Il y a aussi la quête « historique » qui va permettre au héros d’en apprendre plus sur le/son passé et qui va lui demander bien des efforts pour tenter de décrypter à la fois une énigme scientifique et ce qui semble être une prophétie. Là, c’est le roman d’aventure et d’énigme à la Douglas Preston & Lincoln Child, voir à la Dan Brown, qui montre le bout de son nez.

Et pour conclure, les fans de comic books ne resteront pas insensibles aux phénomènes de mutations qui sont énoncé dans le roman, évoquant l’univers de surhommes dignes des personnages publiés par Marvel Comics.

Encore une fois, ces exemples ne sont pas là pour souligner une ressemblance entre l’Origine du Mal et ces histoires, mais juste pour démontrer les différents genres que l’auteur maitrise et dompte… Vous prenez donc tous ces thèmes, vous les dosez savamment, en décrivant des personnages mystérieux et très attachants, qui vivent dans un monde un peu mélancolique, aseptisé, où la recherche scientifique a été muselée pour éviter une nouvelle catastrophe. Vous obtenez un premier roman français passionnant, qui, dès les premières pages, va captiver son lecteur et lui faire tourner les pages de plus en plus vite.

Comme Ariel Manto dans la Fin des Mystères de Scarlett Thomas, je m’efforce au cours de mes lectures de voir le fil rouge qui passe d’un livre à l’autre. Vous imaginerez donc facilement le sourire qui est apparu sur mon visage quand Gilles Beaumont aborde via un de ces personnages l’histoire de la montre de Paley, théorie déjà abordé dans le livre précité. Un autre écho évoquant une autre de mes lectures récentes, lorsque Burgos, page 139, propose à à Guillaume un verre de xérès : c’est aussi la boisson favorite d’un des personnages de T-Rex de Douglas Preston. Difficile de croire au hasard, j’ai l’intime conviction que chaque livre gravite les uns autour des autres !!!

Après Patrick Graham, les éditions Anne Carrière ont décidément du nez pour découvrir des nouveaux talents et comme pour l’auteur de l’Evangile selon Satan, Gilles Haumont est un romancier que l’on va surveiller et qui nous promet d’autres moments de lecture particulièrement intéressant ! 



Frédéric Fontès, 4decouv



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