dimanche 25 novembre 2012

Vous étiez dans Dorothée ? - François Corbier (Mille Plumes)

François Corbier fait partie des doux dingues qui ont très très très certainement influencé le (doux) dingue que je suis désormais.
Après avoir visionné son intervention dans l'émission Ça se discute, j'ai eu très envie de prendre contact avec ce dernier et soutenir sa production.
Vous pouvez en faire de même en cliquant ICI et allant sur son site :  http://www.francoiscorbier.com
Je viens de me commander son livre et son dernier album (Presque parfait). Peut-être y trouverez vous de bonnes idées de cadeaux pour les fêtes de fin d'année.

Ci-dessous, la présentation du livre et un extrait du prologue.

Au bar du resto, un type un peu parti me dit, avec l'accent du blanc limé :

«Y faut que tu m'signes un autographe. C'est pour ma mère ! Mais je sais pas si je vais lui donner parce que déjà qu'elle a failli mourir avec la canicule, en voyant que c'est toi qu'a signé, elle pourrait bien y passer... !»


Tandis que je signe sur un rond de carton de bière, il précise :


«Ma mère, elle est très émotionniste !»


Et alors qu'il examine le dessous-de-verre qu'il vient de récupérer, il demande : «T'as signé qui, là... ? !»


Il n'est pas rare par ailleurs qu'en me voyant on m'appelle «Les Musclés» ! D'autres fois, je me rends bien compte que les personnes qui me rencontrent sont surprises et qu'elles m'ont reconnu, mais mon nom leur échappe. Un jour dans un train, une jeune femme passe devant mon compartiment. Une fois. Une seconde fois. Une fois encore. Enfin, elle se décide. Elle ouvre la porte et me dit :


- «Excusez-moi, vous étiez dans Dorothée... ?»


- «Non j'étais à côté»

Extrait du prologue

Nous étions chez les Léandri.


Vieille famille corse émigrée dans la région parisienne, suite à de douloureux revers de fortune consécutifs à d'hasardeux placements financiers dans une chaîne de restaurants à paillotes de bord de plage... D'aucuns prétendent qu'ils furent aussi un peu poussés à quitter, pour ne pas dire fuir, l'ancestral terreau, suite aux révélations d'un magazine mensuel qui aurait titré sur le comportement sexuel de la famille avec un banc d'huîtres. L'amitié passe au-dessus de ces banalités. De plus, comme il se trouve que je suis propriétaire d'une somptueuse villa de seize mètres carrés dans le Cap - dans lesquels mon épouse est parvenue à caser, non sans difficultés : l'entrée, la cuisine, la salle à manger, le salon d'été, le salon d'hiver, le bar, un fumoir, six chambres, quatre salles de bains et deux WC - on comprendra que je ne désire pas en dire plus. Ces peuples-là ont le sang chaud, l'âme fière et la rancune explosive...


Pour faire bref, je dirais que nous étions chez les Léandri, nos excellents amis, lorsque la pendule claironna les douze coups qui vous font passer de Tannée dernière à l'année prochaine en l'espace d'un battement de cils.

J'entends d'ici les puristes relever qu'une pendule ne claironne pas mais qu'elle carillonne, ou qu'à la rigueur elle "coucoute" ! Eh bien messieurs, vous voici dans l'erreur ! Celle-ci joue bel et bien du clairon. D'ailleurs, à chaque heure du jour et de la nuit, sous le cadran, une lourde porte en chêne s'ouvre sur un hussard à moustaches, en uniforme de parade, avec brandebourgs et bonnet à poils ! Le soldat, chevauchant un magnifique percheron hongre, jaillit et sonne la charge. Puis il salue, et fait demi-tour. Les quarts et les demies sont plus modestement tenus par deux fifres en tenue de drap bleu et bandes molletières. Le niveau sonore de la sonnerie pourrait à lui seul expliquer la peine rencontrée par les propriétaires pour louer l'appartement contigu à celui des Léandri. À mon sens, l'odeur du cheval compte aussi pour beaucoup dans la difficulté à trouver de nouveaux locataires, car la pendule, sans être gigantesque, est tout de même suffisamment importante pour abriter l'animal, son cavalier et les deux fifres. Il ne serait, par ailleurs, pas inutile de penser à changer plus souvent la litière. Certains soirs d'été, notamment pendant la canicule, les effluves étaient particulièrement insoutenables dans leur deux-pièces sous le toit zingué. Je ne voudrais pas non plus m'étendre sur le raffut entretenu, derrière le cadran, par les collègues de chambrée du hussard et des deux fifres, mais enfin, si ces gens pouvaient mettre un bémol à leurs plaisanteries de caserne passé vingt-deux heures, nul ne saurait s'en plaindre. J'ai, par le passé, plusieurs fois proposé à nos chers Léandri de les débarrasser de cette encombrante pendule, allant jusqu'à leur suggérer d'en faire cadeau à quelques pauvres trop désargentés pour s'offrir un bracelet-montre. Chaque fois, ils m'ont fait comprendre qu'en Corse, les objets de famille sont destinés à rester dans la famille. La dernière fois que j'ai voulu en parler, leurs pupilles s'étant brusquement rétrécies, j'ai préféré changer de conversation. Ces peuples-là ont le sang chaud, l'âme fière et la rancune explosive... 

Frédéric Fontès, 4decouv

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