jeudi 1 novembre 2012

Chronique : Conséquences - Darren Williams (Sonatine)


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Ce n'est pas la première fois que je tombe sous le charme d'une belle plume, d'une prose qui dégage un véritable lyrisme et que cet enthousiasme ne retombe pas à la fin de ma lecture, malgré quelques passages qui m'auront fait froncer les sourcils. C'était le cas avec la révélation du qui a fait quoi dans Seul le Silence de RJ Ellory (on pense beaucoup à ce livre en lisant Conséquences) ou avec Le Signal de Ron Carlson qui se perd dans une intrigue policière maladroite.

C'est toujours subjectif et à la fois très difficile de mettre le doigt sur ce qui fait le parfait équilibre d'un roman.  Sur ce qui va passer comme une lettre à la poste et sur ce qui va un peu gâcher le plaisir de lecture que l'on éprouvait jusque-là.

En ce qui concerne Conséquences de Darren Williams, malheureusement, les points négatifs l'emportent sur les positifs. Et pourtant, ces points positifs ne sont pas l’apanage d'une grande majorité d'écrivains. J'ai conscience d'avoir entre les mains un roman riche et qui recèle quelques merveilles. Et du coup, je pardonne encore moins quelques décisions de l'auteur qui ont pour moi des conséquences malheureuses. Vu le niveau d’exigence de la prose, je trouve dommageable que le livre s'encombre de tels incohérences narratives. 

Les + : l'écriture de Darren Williams est vraiment belle. Il dépeint des personnages auxquels on s'attache très rapidement. Il leur fait prendre de l'importance au fil des pages et accroche de plus en plus son lecteur dans leurs sillages. On alterne les belles histoires d'enfants avec celles plus tragiques de leurs ainés. Darren Williams mérite notre attention et c'est assurément un auteur à suivre.

Les - : une conclusion banale et classique voir prévisible, quelques personnages du casting qui disparaissent et réapparaissent de manières bien trop futiles. Un papa alcoolique un peu encombrant disparait, pour refaire son retour dans la dernière ligne droite. Entre temps, cette mise en retrait permet au romancier de placer le gamin de l'histoire dans un autre cadre familial. Une jolie idée, certes mais fait de manière peu subtile.
 
Même chose concernant le responsable du drame qui se noue en début d'histoire. Darren Williams fait disparaitre le personnage de la liste des suspects d'une manière tellement classique, banale même qu'elle apparait en total opposition avec les talents qu'il déploie pour le reste de son livre. 

Le personnage du flic qui enquête a des réactions qui frisent l'improbabilité (il fait une crise d'ado à son chef pour obtenir l'enquête !) jusqu'à atteindre le grand naportnawak quelques chapitres avant la fin (une soirée arrosée le laisse dans une position grotesque).

Le décor australien aurait certainement mérité d'être encore plus présent dans les pages du roman. On s'attendait à ce qu'il devienne logiquement l'un des personnages incontournables du livre mais il ne fait qu'apparaitre à la périphérie de l'histoire. C'est dommage.

Si l'auteur parvient à l'avenir d'éviter de tomber dans ce genre d'écueils, il mettra à la disposition de ses lecteurs des livres que l'on pourra alors qualifier d'incontournables. En attendant, tentez plutôt l'aventure dans le même genre du coté de Patrick Graham (Des fauves et des hommes) et de Ron Carlson (Cinq Ciels).

Frédéric Fontès


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