mardi 27 octobre 2009

Chronique : Marketing Viral de Marin Ledun (Au Diable Vauvert)

Présentation de l'éditeur:
A l’université de Grenoble, Nathan Seux travaille sur la sexualité. Ses recherches convergent vers un étrange laboratoire qui prétend utiliser génétique et nanotechnologies dans des buts alarmants : marketing, contrôle du corps et de l’esprit, « amélioration de l’homme ». Il cherche à en savoir plus, mais ses étudiants sont assassinés les uns après les et toutes ses pistes semblent déboucher sur des bains de sang.
En Allemagne, aux Etats-Unis et en France, un mystérieux groupe se revendique de cultes préchrétiens disparus et œuvre clandestinement à l’avènement des anciens dieux.
Quels liens unissent tous ces scientifiques apprentis sorciers en quête d’un « homme meilleur » ? Et qui est vraiment la jeune Jézabel, élevée dans le secret par un père paranoïaque et promise à un grand destin ? Pourchassés, acculés, Nathan et ses amis vont essayer de mettre à jour et de déjouer une menace bien plus terrifiante que tout ce qu’ils osaient imaginer.

Quand on nous parle de techno-thriller, quelques noms viennent assez rapidement : Michael Crichton, Tom Clancy, Carl Sagan, Douglas Preston & Lincoln Child, John Katzenbach, etc.
Du côté des auteurs français, nous citerons Guillaume Lebeau, Gilles Haumont (et il y en a d’autres) et désormais Marin Ledun avec Marketing Viral.

Voici une définition du genre, trouvée sur le wikipedia :
Le techno-thriller est un genre de la littérature, du cinéma, du jeu vidéo et de la bande dessinée populaires. Il consiste à développer une intrigue contemporaine de politique-fiction catastrophe (guerre, menace terroriste majeure, etc) dont la résolution passe par l'usage de moyens militaires de haute technologie et par des actes héroïques individuels. Le procédé narratif cherche à maximiser la vraisemblance en faisant appel au style des documentaires romancés, en introduisant des personnages réels emblématiques (Chefs d'État) parmi les protagonistes et en décrivant avec force détails les systèmes d'armes les plus récents et donc a priori les plus secrets.

Premier pas donc de l’auteur dans cet univers où il se trouve particulièrement à l’aise. Le souci du détail de son personnage principal, Nathan Seux, et sa manière de cogiter n’est pas sans rappeler ce qui fait le charme des histoires de Harry Bosch dans les romans de Michael Connelly. Lui aussi a l’art de mettre le doigt sur le détail qui va tout déclencher, même si il faut pour cela, qu’il compulse des tonnes et des tonnes de documents.

Et quand on parle de soucis du détail d’un personnage, on se doit d’évoquer son géniteur, Marin. Il aura insufflé la vie à sa créature en faisant en amont de méticuleuses recherches pour lui donner une base de travail plus que conséquente. C’est une vulgarisation de trois univers (le marketing, la génétique et la nanotechnologie) et ce réalisme qui frappent le lecteur dès les premières pages.

Marin Ledun concède quelques emprunts au thriller dans sa construction. Une histoire dans le présent, qui alterne avec une autre dans le passé, avec les deux destins qui vont finalement fusionner. Mais le reste est raconté de manière tellement fluide, que le style ne semble s’inspirer d’aucun mécanisme littéraire.
C’est difficile à décrire comme impression mais dès le début de notre lecture, on oublie presque que c’est de la fiction. Le lecteur prend vite conscience qu’on lui raconte une histoire mais pas de la manière habituelle, tant l’auteur parvient à s’effacer pour juste laisser ses mots et ses personnages opérer leur magie sur nous. Un joli tour de passe-passe du romagicien Marin Ledun.

C’est le fond qui dirige l’embarcation, comme si un spécialiste venait nous parler du thème de son étude. En fait, les ressorts sont bien là mais suffisamment cachés pour nous donner l’impression que l’histoire vit sa propre vie, comme la boule de neige qui dévale la pente, en amassant de la matière.
C’est là où l’on peut créer un pont avec l’œuvre de Stephen King qui a toujours déclaré que certains de ses personnages devenaient autonomes et vivaient leur propre vie de fiction, sans suivre forcément le plan établi au départ. Le conteur s’efface pour laisser la place à ses créations. Nous sommes les cobayes de Marin Ledun, qui distille dans ses pages les nano-mots qui vont permettre au virus de se diffuser en nous et ainsi, de captiver notre attention, rien que cela !

La caractérisation des personnages est également excellente. On s’attache très vite à Nathan et à Jézébel. Et le point fort de Marin Ledun, c’est qu’il place en face de ses héros un vilain aussi attachant par sa carrure que par sa folie. Autant les héros sont humains et émouvants, autant il est monstrueusement dénué de toute humanité. Sa félonie envers ses paires lui donne une envergure particulière dans ce roman. Il a largement sa place sur le podium avec les autres héros du livre. Il n’y a pas de bons héros sans bons vilains. Et là, on peut penser que le vilain est à la hauteur de nos espérances de lecteurs…

Pour les amateurs de Transhumanisme et de Warren Ellis, on ne peut que conseiller la lecture de Marketing Viral qui ne devrait pas les dépayser, bien au contraire.

Le site de l'éditeur :  http://www.audiable.com
Le blog de Marin Ledun : http://www.pourpres.net/marin/

Le roman aura droit à son édition au format poche en Novembre prochain :

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