lundi 18 novembre 2013

François Schuiten L'Horloger du rêve - Thierry Bellefroid (Casterman)


Je viens d'ouvrir les premières pages de ce livre trésor et je ne peux ôter ce sourire béat qui reste collé à mon visage.

Je prends autant de plaisir à découvrir les rouages de l'univers de ce magicien du dessin qu'à tourner les pages de ses bd.

Impressionnant donc, autant dans la forme que dans le fond. Un beau cadeau de Thierry Bellefroid et des éditions Casterman aux lecteurs d'un artiste majeur. Chronique à venir...

Connu pour la série de bande dessinée Les Cités Obscures qu'il co-anime en compagnie de Benoît Peeters depuis la fin des années 80 chez Casterman, François Schuiten est bien plus qu'un dessinateur surdoué. Né au milieu des années 50, il n'avait pas seize ans lorsqu'il a publié sa première histoire. Il a commencé sa première collaboration cinématographique alors qu'il sortait à peine de l'école Saint-Luc, où il a appris la bande dessinée. Et très rapidement, il allait aussi collaborer à d'importantes scénographies, notamment pour Cités-Cinés Montréal, puis pour nombre d'expositions itinérantes, de spectacles vivants ou de pavillons d'Expositions Universelles.

Dans ce livre qui commence tout naturellement par une exploration de l'enfance et de la jeunesse pour comprendre les racines d'une vocation, on traverse à la fois tout l'univers des Cités Obscures mais aussi les collaborations cinématographiques avec Just Jaeckin, Jaco Van Dormael, Martin Villeneuve et d'autres encore. Trois chapitres entiers sont consacrés aux réalisations scénographiques de François Schuiten. Abondamment illustrés – en grande partie d'images totalement inédites -, ils racontent comment Schuiten installe le rêve sur les scènes – qu'il s'agisse d'opéra, d'opérette ou de spectacle de hip hop – à travers ses crayons et ses visions. Véritable architecte d'événements, il sait développer des images fortes, épouser le mouvement des corps autant que celui du temps ; chacune de ses mécaniques est un bijou de précision destiné à immerger le spectateur ou le visiteur dans un monde où l'émotion le dispute à la réflexion. Des qualités qui l'ont amené à procéder de plus en plus souvent à des interventions urbaines, comme il a pu le faire à Bruxelles en imaginant le décor de la station de métro Porte de Hal, à Paris pour celle des Arts et Métiers, à Amiens, en intervenant sur la Maison de Jules Verne, et dans bien d'autres lieux, de Lyon à Lille. Partout où il passe, on reconnaît sa patte, qui transforme le paysage urbain et tente de lui redonner sens, cherchant à exploiter les signes forts et à relier passé et futur. Enfin, comment ne pas parler de ses interventions dans le cadre des Expositions Universelles ? De Séville à Aïchi en passant par Hanovre, François Schuiten s'est brillamment illustré en réalisant des pavillons rivalisant d'audace et d'imagination. Le lecteur découvrira comment ces architectures vivantes se sont construites, pas à pas, avec opiniâtreté, dans une volonté de toujours repousser les limites du possible.

Frédéric Fontès, 4decouv

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