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Comme dans Les Lumineuses de Lauren Beukes, un autre excellent roman publié par les éditions des Presses de la Cité dans la collection Sang d'encre, La Mort pour seule compagne, écrit par Harry Bingham met en scène une héroïne hantée par la mort, sauvage, atypique, mais diablement attachante.
Fiona Griffiths est habitée par une fascination morbide. Contrairement à ce que le titre ou la présentation du roman peut laisser croire (et ce n'est pas un reproche puisqu'au départ, le lecteur peut penser que le livre évoque les enquêtes d'une quelconque médium, ce qui n'est pas le cas ici), Fiona est hantée mais d'une manière totalement terre à terre.
Et quand on apprend à mieux connaitre Fiona tout en découvrant sa vision du monde, le titre en français prend son sens. Et du coup, je le trouve même bien meilleur que le titre original (Talking to the Dead).
Harry Bingham tisse donc entre son personnage et le lecteur une caractérisation que je trouve assez subtile dans sa simplicité. Fiona est différente mais c'est un atout pour la Brigade Criminelle où elle fait ses débuts. Rien de très pesant dans sa condition qui pourrait décrédibiliser l'intrigue. Elle aborde certaines choses avec à la fois une douceur et une froideur qui font d'elle un personnage particulièrement attendrissant et très intéressant.
Quelques minutes avant d'écrire ces lignes, j'ai vu le dixième épisode de la première saison de la série TV Hannibal, qui évoque une chose importante dans l'univers de Fiona. Je ne rentrerai pas dans les détails histoire de ne spoiler ni le roman de Bingham, ni l'épisode de la série concernée. Mais c'est assez fascinant de pouvoir avoir un troisième recul sur l'histoire de Fiona. Je m'explique pour les trois :
Le premier lorsqu'on entame la lecture du livre et que l'on comprend qu'elle n'est pas médium. Rien de surnaturel, juste une sorte d'empathie morbide.
Le deuxième quand on découvre à la fin le « pourquoi du comment ». C'est bouleversant de simplicité et brillant de la part de l'auteur qui explique presque simplement la "malédiction" de son héroïne.
Le troisième avec Hannibal qui remet en lumière l'importance de la perception que l'on a de soi et des autres.
Drôle de mise en abime que de parler de perception et d'imaginaire. Un auteur via son livre nous hante, joue avec nos perceptions, nourrit notre imaginaire et nous donne à la fin de son histoire la clef pour refermer (si on le souhaite) la porte du monde qu'il nous a fait découvrir. Finalement, on peut même prétendre que l'auteur crée une multitude d'éléments contribuant à créer un syndrome spécialement dédié au lecteur qui va ouvrir le livre. Il devient le patient sur lequel le romancier va faire son expérience. Autant d'expériences différentes qu'il y a de lecteurs...
Digression, j'écris ton nom...
Juste pour vous dire que ce premier roman d'Harry Bingham est une belle chose qu'il faut vite en faire l'expérience.
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Frédéric Fontès, 4decouv
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