mercredi 30 janvier 2019

Chronique : L'Outsider - Stephen King (Albin Michel)

Présentation ICI
« Je crois qu'il y a dans ma tête des dizaines de pensées alignées en file indienne derrière chaque pensée consciente. »

Voici une belle phrase prononcée par un des personnage du livre. J'aime bien extirper ce genre de propos d'un livre qui me permet d'évoquer divers processus d'écriture et de lecture.

Ici, cette phrase synthétise parfaitement bien les pensées de l'auteur, de son personnage et aussi celles de son lecteur. Une belle mise en abime qui permet de jouer avec cette notion d'idées que l'on assimile, que notre cerveau traite puis classifie à sa manière et que notre inconscient va se mettre à faire mijoter. Et pour nous faire mijoter, Stephen King sait y faire.

100 premières pages où l'on se dit que l'intrigue a du mal à s'emballer.
100 pages de plus pour se prendre une grosse claque dans la tête.
130 pages encore, et l'Outsider prend son sens.

L'équation de départ est simple : un meurtre atroce, des preuves irréfutables qui désignent un coupable, l'empathique Terry Maitland. Et ce dernier présente un alibi lui aussi irréfutable.

Pas la première fois que Stephen King met en scène une équation de ce genre. J'ai immédiatement pensé à la Ligne Verte et à John Caffey, accusé d'un double meurtre dont on sait très vite en tant que lecteur qu'il n'a pas pu le commettre.

Ralph Anderson, l'enquêteur qui se penche sur cette affaire en incarnant les doutes, la colère et les certitudes des lecteurs.

« Je crois qu'il y a dans ma tête des dizaines de pensées alignées en file indienne derrière chaque pensée consciente. »

Ces pensées alignées, Stephen King les incarne dans ses pages en nous plongeant dans le processus de réflexion de son enquêteur. Elles prennent également la forme d'un puzzle, comme le suggère un des personnages. De multiples narrateurs prennent successivement les rênes de l'intrigue pour amener une pièce manquante l'une après l'autre.

En se rassemblant, ils découvrent l'ampleur du mystère auquel ils sont confrontés. Une structure narrative classique mais entre les mains de Stephen King, celle-ci fait des merveilles.
Le Ka est mentionné une fois dans le livre, et c'est seulement à ce moment là que j'ai compris que ce groupe de personnes qui part en chasse de cet Outsider forme en fait un autre Ka-tet (que celui formé dans la saga de la Tour Sombre).

Dans l'Outsider, on y retrouve Holly Gibney, un personnage qui a fait son apparition dans la trilogie Bill Hodges regroupant Mr Mercedes, Carnets Noirs, et Fin de ronde. J'ai pensé au personnage d'Elsbeth Tascioni dans The Good Wife incarné par Carrie Preston.


Je n'ai pas lu cette dernière trilogie, alors qu'elle est dans ma bibliothèque depuis un bail. Je vais m'y mettre dans les semaines qui viennent.

Je reste sceptique sur la manière dont Stephen King conclut la partie "judiciaire" de son histoire mais pour le reste, c'est toujours un régal.

L'Outsider de Stephen King est traduit par Jean Esch pour les éditions Albin Michel.

Frédéric Fontès, www.4decouv.com




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