jeudi 30 août 2012

Chronique : Kaïken - Jean-Christophe Grangé (Albin Michel)

Présentation ICI
Je tiens à féliciter les éditions Albin Michel pour cette superbe couverture. Il faut reconnaitre que l'éditeur avait tendance ces dernières années à faire le minimum syndical concernant les couvertures des romans de J-C Grangé, d'Aurélien Molas et de Maxime Chattam. La donne a depuis changé avec les beaux visuels de Léviatemps et Le Requiem des Abysses.

C'est au tour de Kaïken de profiter d'un superbe écrin avec une typo qui met du même coup en avant le fameux sabre du même nom que le titre. Avec le visage en dessous et le nom de l'éditeur dans l'axe, nous profitons d'une création graphique qui donne de suite le ton.

Kaïken est avant toutes choses une immense déclaration d'amour de Jean-Christophe Grangé au Japon et à l'un de ses icônes : la femme japonaise. Rarement l'auteur aura paru aussi enthousiaste dans son écriture et dans son envie de nous faire plonger au cœur d'une culture et d'un état d'esprit. Cet amour qui transpire semble parfois naïf mais il en devient particulièrement touchant. Encore un élément troublant qui fait se mélanger l'image du héros à celle du romancier.

Pour son intrigue, l'auteur multiplie les fausses pistes pour autant déboussoler son héros que son lecteur. Comme dans son précédent roman, Le Passager, JC Grangé a tendance à écrire des personnages qui forment autant de ronds dans l'eau. Un peu comme s'ils n'étaient finalement qu'une variante du même personnage. En partant de l'un des personnages principaux, Passan, on peut facilement ajouter une variable qui nous emmène au personnage suivant, et aller ainsi jusqu'au dernier personnage clef de l'histoire. On se retrouve donc avec de drôles de similitudes qui servent peut être l'intrigue mais qui nuisent à la crédibilité de la construction. Deux personnages issus du même orphelinat, deux qui attendent leurs imminentes renaissances, deux reflets déformés d'une même image, etc.

Du coup, on se retrouve avec successivement diverses mèches d'allumées, qui sont autant de pistes possibles pour la suite de l'intrigue. Et étrangement, J-C Grangé va coup sur coup les éteindre comme on éteint la flamme d'une bougie, en les pinçant avec deux doigts humides. Pas d'explosions donc au bout de ces mèches, juste un léger panache de fumée. L'auteur a d'autres plans en tête.

Et c'est là ma grande déception. Autant je suis emballé par la présentation de ce couple atypique autant l'intrigue policière semble complètement sacrifiée pour nous emmener jusqu'à un duel qui n'en est pas hein puisqu'il ne va pas jusqu'à sa raison d'être.
D'où le fait que je me retrouve plutôt partagé à la fin de ma lecture. J'ai lu un bon roman mais certainement pas un bon thriller.
C'est étonnant de poser les bases d'une intrigue policière avec des personnages aussi forts  et de constater que finalement, il sont littéralement jetés au rebut par le romancier, d'une manière assez expéditive, presque sacrifiés pour un final qui aurait du être dantesque mais qui ne l'est pas.

On retrouve dans Kaïken la verve et la passion du voyage d'un Vol des Cigognes mais on y perd en route la majeur partie des éléments qui en aurait fait un bon thriller, un comble en soit pour celui qui se considère comme le patron du thriller hexagonal.
Si ce dernier est un tournant dans la bibliographie du romancier, son prochain roman, en parvenant à associer la passion de Kaïken à la qualité des intrigues policières de ses meilleurs livres, sera très probablement un grand cru.

L'avenir nous dira si Kaïken est une chrysalide et s'il nous montre la nouvelle orientation que souhaite prendre Jean-Christophe Grangé. C'est dire si son onzième roman sera une nouvelle fois particulièrement attendu.

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